Ou comment ce qui me semblait être très confortable se révèle être mon plus gros challenge au quotidien.
Du rêve…à la réalité.
Lorsque je rêvais mon projet d’entreprise, je trouvais évident que mon domicile soit mon lieu de travail. Quel confort de vie de ne pas avoir de trajet pour se rendre au bureau. Pas de bouchons à gérer ou de retards SNCF. Ah…Être directement à pied d’œuvre à 8h35 après avoir emmené les enfants à l’école, les récupérer le midi pour qu’ils puissent éviter les repas à la cantine qu’ils détestent, pouvoir travailler dans un espace rassurant…Sauf que c’est du rêve. Et uniquement du rêve.
Allez on oublie les petits oiseaux et je te raconte ma vraie vie d’entrepreneuse à la maison.
Autodiscipline et jonglage.
La vérité c’est que travailler depuis mon domicile me demande une grosse dose d’autodiscipline. Parce que j’ai toujours autre chose (de mieux) à faire : peindre, me coudre la dernière combi à la mode, accompagner la sortie scolaire, faire la lessive, ranger la table du petit dej des mômes, vider le lave vaisselle…Sans parler de ce tas de linge sale qui grossit à vue d’oeil sans aucun autre membre de la famille n’ait l’idée de le glisser dans la machine à laver. Ben oui quoi… vu que je suis à la maison toute la journée je peux bien trouver cinq minutes pour le faire. J’y vois deux risques majeurs : soit je me fais déborder et mon temps de travail fond comme neige au soleil, soit je cours au burn out en quelques mois à essayer de ménager la chèvre et le chou.
En étant à la maison on doit apprendre à jongler et à jongler très vite : un temps maman, un temps femme de ménage, un temps entrepreneure, un temps maman, re un temps entrepreneure, un temps chauffeur ….Les séquences sont beaucoup plus courtes que sur un traditionnel 8h-18h30 et se doivent donc d’être optimisées et efficaces.
Manque de reconnaissance et routine
Une autre difficulté est de gérer le regard et les demandes de l’entourage. Tu travailles de la maison… ah mais tu es maman au foyer en fait (de la même façon que les mamans au foyer doivent entendre qu’elles ne font rien de leur journée .). Ton travail n’est évidemment pas reconnu comme sérieux (voir réel) ou et est considéré facilement « dérangeable » .Donc tu es théoriquement disponible toute la journée pour rendre des services, aller boire un café, faire des courses, préparer un repas pour ta belle mère qui s’invite, j’en passe et des meilleurs… Sans parler d’une incompréhension totale lorsque tu dis NON.
Il y a également un autre inconvénient que je n’avais pas du tout anticiper :le manque d’activité physique. Lorsque j’étais encore escl… – pardon salariée comme bonne conscience d’homme politique – je me déplaçais régulièrement à vélo, je marchais pour me changer les idées lors de ma pause de midi. Sauf je n’ai plus ces déplacements. Et que mon travail est assis, soit derrière mon ordinateur, soit derrière ma machine à coudre. Et qu’en quelques mois un joli mal de dos a pointé le bout de son nez. Avec en prime les séances de kiné qui vont avec et qui sont à caser dans mon planning. Joie.
Trouver un équilibre : planification, clarté et communication des objectifs
Alors oui travailler à la maison a des avantages mais ce n’est pas tout rose non plus. Dans ma nouvelle vie de bébé entrepreneuse, voici les principes que j’ai mis en place pour fluidifier ce home working.
1/ Je planifie, je planifie, je planifie….
Je planifie mes activités professionnelles
Je planifie mes activités personnelles
Je laisse une place pour les imprévus
Et surtout je m’y tiens.
Étant en phase d’incubation de mon projet, j’ai commencé par établir un planning sur l’année 2019 avec les objectifs que je dois atteindre chaque mois. Je fonctionne depuis par itération de 15 jours. A chaque début d’itération je me fixe un planning jour par jour des tâches à accomplir (j’y reviendrai dans un autre article). Je me laisse en règle général une demie journée par semaine destinée aux imprévus : la gastro de la petite dernière, l’homme qui tombe en panne de voiture et que je dois emmener au travail…L’expérience m’a montré que ce n’était pas de trop.
2/ Je passe un contrat moral avec ceux qui partagent la maison, en particulier mon conjoint. Je pense qu’il est important d’être claire dés le départ. Je travaille de la maison mais je ne suis pas maîtresse de maison. Le journée est consacrée à mon activité professionnelle, pas aux taches ménagères. N’hésitez pas à le rappeler régulièrement. Soyons clair, il peut parfois être difficile de se sentir légitime dans cette position car qui dit entrepreneur(e) qui débute dit pas de salaire. Donc envie de compenser. Mais on est pas des wonder(wo)man. Dans le même ordre d’idées je m’autorise à laisser les enfants à la cantine, à la crèche, chez la nounou…
3/ Je m’aménage un espace de travail dédié, aussi petit soit il. Et j’(essaie) interdis aux têtes blondes de venir y étaler leurs jouets (et aux chats d’y étaler leurs poils). J’ai de la chance, j’ai une pièce que j’ai pu aménager en atelier. Cette symbolique de passer une porte pour travailler m’aident à différencier le professionnel du personnel.
4/ Je ne réponds pas au téléphone ou aux sms lorsque je travaille. Lorsque j’étais salariée je ne le faisais pas, je n’étais pas disponible. Et je ne suis pas plus disponible en travaillant à la maison.
5/ Je me méfie de l’isolement. Je me garde deux heures en semaine pour aller marcher avec une copine ou rejoindre mon cours de couture.
Je me laisse le temps de trouver un équilibre en essayant d’être à l’écoute de mes besoins et en hésitant pas à dire tout de suite ce qui me dérange. J’envisage de peut être rejoindre un cowork pour les jours où je bosse sur ma communication si mon budget me le permet. J’avoue tout de même qu’échapper au déplacement pendulaire m’enlève une bonne dose de stress et que je sens mes enfants beaucoup plus sereins depuis que je peux plus m’adapter à leur rythme.